ou sont les hommes

LE MONDE SANS VISAGE

Le groupe Auchan s’apprête à ouvrir à Villeneuve-d’Ascq un magasin sans caisse ni employé, accessible 24h/24 et 7j/7.

Servir l’individu ou l’asservir? C’est la question que pose, une fois de plus, l’apparition d’un nouveau dispositif technologique, censé faciliter la vie du consommateur, mais le soumettant davantage encore à la loi de la machine et du marché.

Les caissiers à la casse
Auchan tente de remplacer peu à peu les commerces traditionnels.
«Auchan Minute». C’est un Magasin hyper-connecté, sans caisse ni employé, il se présente comme une sorte de distributeur géant, un container de 18m2, accessible grâce à un smartphone 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Il s’agit aujourd’hui de la première étape pour introduire et étendre le modèle sur le territoire français.

Auchan vise la conquête du marché de commerce de proximité: en supprimant les coûts de main-d’œuvre, et par là en réduisant leurs charges,

À force de vouloir rationaliser à tout prix le travail se trouve vidé de son contenu, et donc de son sens.

Les travailleurs doivent s’adapter aux contraintes du marché global et du progrès technique, sous peine de rejoindre le banc des millions de chômeurs français. Marche ou crève, le capitalisme te connecte ou t’éjecte.

Ainsi, les citadins privilégiés, que le marketing cible comme clients de ces nouveaux magasins, n’auront pas à s’offusquer de voir disparaître les traditionnels caissière et épicier, puisque d’un point de vue purement financier ces métiers n’avaient aucune valeur ajoutée. Le consommateur est capable de scanner sa carte tout seul, et même d’utiliser son smartphone tout seul. Mais derrière cette autonomie superficielle, s’exerce une aliénation radicale: notre quotidien est plongé de plus en plus profondément dans le grand bain consumériste, d’autant plus insidieusement que cette soumission se pare des atours de la liberté. Le consommateur est libre, libre de consommer 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, de jour de comme de nuit, dans un lieu sans horaires et sans visages. Car la disparition du commerçant est tout sauf la disparition du commerce, et des profits de la grande distribution. Il ne s’agit que de l’automatiser un peu plus pour accroître les marges. Autrement dit, le vendeur disparaît, l’actionnaire reste. La désocialisation de la relation marchande est une étape de la financiarisation de l’économie: le «magasin sans employé» est le produit du trading haute fréquence.

Un capitalisme sans visage
En remplaçant le regard humain, toujours subjectif, par la fausse neutralité des machines, on ne libère pas le consommateur, on le déresponsabilise. En minorant la dimension «physique» de ses achats, on l’aliène un peu plus en lui faisant croire qu’il peut non seulement se passer de l’autre, mais de lui-même.

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